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— Mademoiselle de Taverney ?

— Eh ! oui, voilà l’amoureux du pigeonnier ! Elle vient à Paris, il accourt ; elle se loge rue Coq-Héron ; il se sauve de chez nous pour aller demeurer rue Plâtrière ; il la regarde, et elle rêve.

— Sur ma foi, c’est la vérité, dit Chon ; voyez donc ce regard, cette fixité, ce feu livide de ses yeux : il est amoureux à en perdre la tête.

— Ma sœur, dit Jean, ne nous donnons plus la peine de guetter l’amoureuse, l’amoureux fera notre besogne.

— Pour son compte, oui.

— Non pas, pour le nôtre. Maintenant laissez-moi passer, que j’aille un peu voir ce cher Sartines. Pardieu ! nous avons de la chance. Mais prenez garde, Chon, que le philosophe ne vous voie ; vous savez s’il décampe vite.


LXIII

PLAN DE CAMPAGNE.


M. de Sartines était rentré à trois heures du matin, et était très fatigué, mais en même temps très satisfait de la soirée qu’il avait improvisée au roi et à madame Dubarry.

Réchauffé par l’arrivée de madame la dauphine, l’enthousiasme populaire avait salué Sa Majesté de plusieurs cris de : « Vive le roi ! » fort diminués de volume depuis cette fameuse maladie de Metz durant laquelle on avait vu toute la France dans les églises ou en pèlerinage, pour obtenir la santé du jeune Louis XV, appelé à cette époque Louis XV le Bien-Aimé.

D’un autre côté, madame Dubarry, qui ne manquait guère d’être insultée en public par quelques acclamations d’un genre particulier, avait, au contraire, contre son attente, été gracieusement accueillie