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— Je jure foi et hommage à mon maître et à ma maîtresse ; je jure de défendre jusqu’à la mort le château dont on me confie la garde, et d’en manger jusqu’au dernier pot de confitures avant de me rendre si l’on m’attaquait.

Le roi se mit à rire, tant de la formule du serment que du sérieux avec lequel Zamore le prononçait.

— En revanche de ce serment, répliqua-t-il en reprenant la gravité convenable, je vous confère, monsieur le gouverneur, le droit souverain, droit de haute et basse justice, sur tous ceux qui habitent l’air, la terre, le feu et l’eau de ce palais.

— Merci, maître, dit Zamore en se relevant.

— Et maintenant, dit le roi, va promener ton bel habit aux cuisines, et laisse-nous tranquilles. Va.

Zamore sortit.

Comme Zamore sortait par une porte, Chon entrait par l’autre.

— Ah ! vous voilà, petite Chon. Bonjour, Chon.

Le roi l’attira sur ses genoux et l’embrassa.

— Voyons, ma petite Chon, continua-t-il, tu vas me dire la vérité, toi.

— Ah ! prenez garde, sire, dit Chon, vous tombez mal. La vérité ! je crois que ce serait la première fois de ma vie. Si vous voulez savoir la vérité, adressez-vous à Jeanne ; elle ne sait pas mentir, elle.

— Est-ce vrai, comtesse ?

— Sire, Chon a trop bonne opinion de moi. L’exemple m’a perdue, et depuis ce soir surtout, je suis décidée à mentir comme une vraie comtesse, si la vérité n’est pas bonne à dire.

— Ah ! dit le roi, il paraît que Chon a quelque chose à me cacher.

— Ma foi, non.

— Quelque petit duc, quelque petit marquis, quelque petit vicomte que l’on sera allé voir ?

— Je ne crois pas, répliqua la comtesse.

— Qu’en dit Chon ?

— Nous ne croyons pas, sire.