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— À Paris.

— Alors, je vais rester seul. De mieux en mieux. Mais que vas-tu faire à Paris ?

— Rejoindre maîtresse Barry et lui dire que le roi est à Luciennes !

— Ah ! ah ! la comtesse t’a chargé de me dire cela alors ?

— Oui, maître.

— Et elle n’a pas dit ce que je ferais en attendant ?

— Elle a dit que tu dormirais.

— Au fait, pensa le roi, c’est qu’elle ne va pas tarder, et qu’elle a quelque nouvelle surprise à me faire.

Puis tout haut :

— Pars donc vite, et ramène la comtesse… Mais, à propos, comment t’en vas-tu ?

— Sur le grand cheval blanc, avec la housse rouge.

— Et combien de temps faut-il au grand cheval blanc pour aller à Paris ?

— Je ne sais pas, dit le nègre, mais il va vite, vite, vite. Zamore aime à aller vite.

— Allons, c’est encore bien heureux que Zamore aime à aller vite.

Et il se mit à la fenêtre pour voir partir Zamore.

Un grand valet de pied le hissa sur le cheval, et, avec cette heureuse ignorance du danger qui appartient particulièrement à l’enfance, le négrillon partit au galop, accroupi sur sa gigantesque monture.

Le roi, demeuré seul, demanda au valet de pied s’il y avait quelque chose de nouveau à voir à Luciennes.

— Il y a, répondit le serviteur, M. Boucher, qui peint le grand cabinet de madame la comtesse.

— Ah ! Boucher… Ce pauvre bon Boucher, il est ici, dit le roi avec une espèce de satisfaction ; et où cela, dites-vous ?

Le valet revint, portant sur un plat de faïence du Japon un gros pain rond dans lequel était fiché un couteau long et tranchant.

— Au pavillon, dans le cabinet. Sa Majesté désire-t-elle que je la conduise près de M. Boucher ?

— Non, fit le roi, non ; décidément, j’aime mieux aller voir les carpes. Donne-moi mon couteau.

— Un couteau, sire ?