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— Avez-vous encore d’autres parents ? demanda la favorite.

— Un neveu.

— Eh bien ! on inventerait quelque chose pour le neveu.

— Et nous vous chargerions de cela, vicomte, vous qui venez de nous prouver que vous étiez plein d’invention, dit en riant la favorite.

— Voyons, si Sa Majesté faisait pour vous toutes ces choses, madame, dit le vicomte, qui, suivant le précepte d’Horace, poussait au dénouement, trouveriez-vous le roi raisonnable ?

— Je le trouverais généreux au delà de toute expression, et j’offrirais toutes mes actions de grâces à madame, convaincue que c’est à elle que je dois tant de générosité.

— Ainsi donc, madame, demanda la favorite, vous voulez bien prendre au sérieux notre conversation ?

— Oui, madame, au plus grand sérieux, dit la vieille comtesse, toute pâle de l’engagement qu’elle prenait.

— Et vous permettez que je parle de vous à Sa Majesté ?

— Faites-moi cet honneur, répondit la plaideuse avec un soupir.

— Madame, la chose aura lieu, et pas plus tard que ce soir même, dit la favorite en levant le siège, et maintenant, j’ai conquis, je l’espère, votre amitié.

— La vôtre m’est si précieuse, répondit la vieille dame en commençant ses révérences, qu’en vérité je crois être sous l’empire d’un songe.

— Voyons, récapitulons, dit Jean, qui voulait donner à l’esprit de la comtesse toute la fixité dont l’esprit a besoin pour mener à fin les choses matérielles. Voyons, cent mille livres d’abord comme dédommagement des frais de procès, de voyages, d’honoraires d’avocats, etc., etc., etc.

— Oui, monsieur.

— Une lieutenance pour le jeune comte.

— Oh ! ce lui serait une ouverture de carrière magnifique.

— Et quelque chose pour un neveu, n’est-ce pas ?

— Quelque chose.