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gagné par un intérêt sordide, aurait capitulé devant notre pouvoir, comprenant l’impossibilité de l’ébranler.

— Oh ! c’est ce qui arriverait probablement, dit madame du Barry.

— Tandis, continua Jean, tandis que madame, qu’on n’a pas sollicitée, que nous connaissons à peine, et qui s’offre de bonne grâce enfin, me paraît digne en tout point de profiter des avantages de la position.

La plaideuse allait peut-être réclamer contre cette bonne volonté dont lui faisait honneur le vicomte, mais madame du Barry ne lui en donna pas le temps.

— Le fait est, dit-elle, qu’un pareil procédé enchanterait le roi, et que le roi n’aurait rien à refuser à la personne qui l’aurait eu.

— Comment ! le roi n’aurait rien à refuser, dites-vous ?

— C’est-à-dire qu’il irait au-devant des désirs de cette personne. C’est-à-dire que de vos propres oreilles, vous l’entendriez dire au vice-chancelier : « Je veux que l’on soit agréable à madame de Béarn, entendez-vous, M. de Maupeou ? » Mais il paraît que madame la comtesse voit des difficultés à ce que cela soit ainsi. C’est bien. Seulement, ajouta le vicomte en s’inclinant, j’espère que madame me saura gré de mon bon vouloir.

— J’en suis pénétrée de reconnaissance, monsieur ! s’écria la vieille.

— Oh ! bien gratuitement, dit le galant vicomte.

— Mais… reprit la comtesse.

—Madame ?

— Mais, madame d’Aloigny ne cédera point son droit, dit la plaideuse.

— Alors nous revenons à ce que nous avons dit d’abord, madame ne s’en sera pas moins offerte, et Sa Majesté n’en sera pas moins reconnaissante.

— Mais en supposant que madame d’Aloigny acceptât, dit la comtesse qui cavait au pis pour voir clairement au fond des choses, on ne peut faire perdre à cette dame les avantages…