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rang, la chose touche Sa Majesté. Sa Majesté vous reçoit, vous remercie, vous demande ce qu’elle peut faire pour vous être agréable. Vous entamez l’affaire du procès, vous faites valoir vos déductions. Sa Majesté comprend, recommande l’affaire, et votre procès, que vous croyez perdu, se trouve gagné.

Madame du Barry fixait sur la comtesse des regards ardents. Celle-ci sentit probablement le piège.

— Oh ! moi, chétive créature, dit-elle vivement, comment voulez-vous que Sa Majesté…

— Il suffît, je crois, dans cette circonstance, d’avoir montré de la bonne volonté, dit Jean.

— S’il ne s’agit que de bonne volonté… dit la comtesse hésitant.

— L’idée n’est point mauvaise, reprit madame du Barry en souriant. Mais peut-être que, même pour gagner son procès, madame la comtesse répugne à de pareilles supercheries ?

— À de pareilles supercheries ! reprit Jean ; ah ! par exemple, et qui les saura, je vous le demande, ces supercheries ?

— Madame a raison, reprit la comtesse espérant se tirer d’affaire par ce biais, et je préférerais lui rendre un service réel, pour me concilier réellement son amitié.

— C’est, en vérité, on ne peut plus gracieux, dit madame du Barry avec une légère teinte d’ironie, qui n’échappa point à madame de Béarn.

— Eh bien ! j’ai encore un moyen, dit Jean.

— Un moyen ?

— Oui.

— De rendre ce service réel ?

— Ah çà ! vicomte, dit madame du Barry, vous devenez poète, prenez garde ! M. de Beaumarchais n’a pas dans l’imagination plus de ressources que vous.

La vieille comtesse attendait avec anxiété l’exposition de ce moyen.

— Raillerie à part, dit Jean. Voyons, petite sœur, vous êtes bien intime avec madame d’Aloigny, n’est-ce pas ?

— Si je le suis !… Vous le savez bien.

— Se formaliserait-elle de ne point vous présenter ?