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— Lequel ?

— Elle est impossible à exécuter.

— Dites toujours.

— En vérité, j’ai peur de laisser des regrets à quelqu’un.

— N’importe, allez, vicomte, allez.

— Je pensais que si vous faisiez part à madame d’Aloigny de cette observation que faisait le roi en regardant le portrait de Charles Ier.

— Oh ! ce serait peu obligeant, vicomte.

— C’est vrai.

— Alors n’y pensons plus.

La plaideuse poussa un soupir.

— C’est fâcheux, continua le vicomte comme se parlant à lui-même, les choses allaient toutes seules ; madame, qui a un grand nom et qui est une femme d’esprit, s’offrait à la place de la baronne d’Aloigny. Elle gagnait son procès, M. de Béarn fils avait une lieutenance dans la maison, et comme madame a fait de grands frais pendant les différents voyages que ce procès l’a contrainte de faire à Paris, on lui donnait un dédommagement. Ah ! une pareille fortune ne se rencontre pas deux fois dans la vie.

— Hélas ! non, hélas ! non, ne put s’empêcher de dire madame de Béarn, étourdie par ce coup imprévu.

Le fait est que dans la position de la pauvre plaideuse, tout le monde eût dit comme elle, et, comme elle, fût resté écrasé dans le fond de son fauteuil.

— Là, vous voyez, mon frère, dit la comtesse avec un accent de profonde commisération, vous voyez que vous avez affligé madame. N’était-ce pas assez à moi que de lui prouver que je ne pouvais rien demander au roi avant ma présentation ?

— Oh ! si je pouvais faire reculer mon procès !

— De huit jours seulement, dit du Barry.

— Oui, de huit jours, dit madame de Béarn ; dans huit jours madame sera présentée.

— Oui, mais le roi sera à Compiègne dans huit jours ; le roi sera au milieu des fêtes ; la dauphine sera arrivée.