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de les lui demander, il a été au-devant. Dès qu’on lui eut dit que la baronne d’Alogny s’offrait pour être marraine de Jeanne : « À la bonne heure, a-t-il dit, je suis las de toutes ces drôlesses qui sont plus fières que moi, à ce qu’il paraît… Comtesse, vous me présenterez cette femme, n’est-ce pas ? A-t-elle un bon procès, un arriéré, une banqueroute ?… »

Les yeux de la comtesse se dilataient de plus en plus.

— « Seulement, a ajouté le roi, une chose me fâche. »

— Ah ! une chose fâchait Sa Majesté ?

— Oui, une seule. « Une seule chose me fâche, c’est que pour présenter madame Dubarry, j’eusse voulu un nom historique. » Et en disant ces paroles, Sa Majesté regardait le portrait de Charles Ier par Van Dyck.

— Oui, je comprends, dit la vieille plaideuse. Sa Majesté disait cela à cause de cette alliance des Dubarry-Moore avec les Stuarts dont vous parliez tout à l’heure.

— Justement.

— Le fait est, dit madame de Béarn avec une intonation impossible à rendre, le fait est que les d’Alogny, je n’ai jamais entendu parler de cela.

— Bonne famille cependant, dit la comtesse, qui a fourni ses preuves, ou à peu près.

— Ah ! mon Dieu ! s’écria tout à coup Jean en se soulevant sur son fauteuil à la force du poignet.

— Eh bien ! qu’avez-vous ? fit madame Dubarry, ayant toutes les peines du monde à s’empêcher de rire en face des contorsions de son beau-frère.

— Monsieur s’est piqué peut-être ? demanda la vieille plaideuse avec sollicitude.

— Non, dit Jean en se laissant doucement retomber, non, c’est une idée qui me vient.

— Quelle idée ! dit la comtesse en riant, elle vous a presque renversé.

— Elle doit être bien bonne ! fit madame de Béarn.

— Excellente !

— Dites-nous-la alors.

— Seulement, elle n’a qu’un malheur.