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— Rien qu’un, fit du Barry en minaudant, mais je connais quelqu’un qui en a deux bons et longs, et qui vous les offre.

— Ah ! monsieur le vicomte, s’écria la vieille dame, cette offre est-elle sérieuse ?

— Dame ! service pour service ; madame, j’accepte les vôtres, acceptez les miens. Est-ce dit ?

— Si je les accepte, monsieur… Oh ! c’est trop de bonheur.

— Eh bien ! madame, je vais de ce pas rendre visite à ma sœur : daignez prendre une place dans ma voiture…

— Sans motifs, sans préparations ! Oh ! monsieur je n’oserais.

— Vous avez un motif, madame, dit le chancelier en glissant dans la main de la comtesse le brevet de Zamore.

— Monsieur le chancelier, s’écria la comtesse, vous êtes mon dieu tutélaire. Monsieur le vicomte, vous êtes la fleur de la noblesse française.

— À votre service, répéta encore le vicomte, en montant le chemin à la comtesse, qui partit comme un oiseau.

— Merci pour ma sœur, dit tout bas Jean à M. de Maupeou ; merci, mon cousin. Mais, ai-je bien joué mon rôle, hein ?

— Parfaitement, dit Maupeou. Mais racontez un peu aussi là-bas comment j’ai joué le mien. Au reste, prenez garde, la vieille est fine.

En ce moment la comtesse se retournait.

Les deux hommes se courbèrent pour un salut cérémonieux.

Un carrosse magnifique, aux livrées royales, attendait près du perron. La comtesse s’y installa toute gonflée d’orgueil. Jean fit un signe et l’on partit.

Après la sortie du roi de chez madame du Barry, après une réception courte et maussade, comme le roi l’avait annoncée aux courtisans, la comtesse était restée enfin seule avec Chon et son frère, lequel ne s’était pas montré tout d’abord, afin que l’on ne pût pas constater l’état de sa blessure, assez légère en réalité.

Le résultat du conseil de famille avait alors été que la comtesse, au lieu de partir pour Luciennes, comme elle avait dit