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— Eh ! nous sommes du même âge, comtesse.

— Que n’ai-je vingt ans, monseigneur, et que n’êtes-vous encore simple avocat ! Vous plaideriez pour moi, et il n’y aurait pas de Saluces qui tinssent contre vous.

— Malheureusement, nous n’avons plus vingt ans, madame la comtesse, dit le vice-chancelier avec un galant soupir ; il faut donc implorer ceux qui les ont, puisque vous avouez vous-même que c’est l’âge de l’influence… Quoi ! vous ne connaissez personne à la cour ?

— De vieux seigneurs retirés, qui rougiraient de leur ancienne amie… parce qu’elle est devenue pauvre. Tenez, monseigneur, j’ai mes entrées à Versailles, et j’irais si je voulais ; mais à quoi bon ? Ah ! que je rentre dans mes deux cent mille livres, et l’on me recherchera. Faites ce miracle, monseigneur.

Le chancelier fit semblant de ne point entendre cette dernière phrase.

— À votre place, dit-il, j’oublierais les vieux, comme les vieux vous oublient, et je m’adresserais aux jeunes, qui tâchent de recruter des partisans. Connaissez-vous un peu Mesdames ?

— Elles m’ont oubliée.

— Et puis elles ne peuvent rien. Connaissez-vous le dauphin ?

— Non.

— Et d’ailleurs, continua M. de Maupeou, il est trop occupé de son archiduchesse qui arrive pour penser à autre chose ; mais voyons parmi les favoris.

— Je ne sais plus même comment ils s’appellent.

— M. d’Aiguillon ?

— Un freluquet contre lequel on dit des choses indignes ; qui s’est caché dans un moulin tandis que les autres se battaient… Fi donc !

— Bah ! fit le chancelier, il ne faut jamais croire que la moitié de ce que l’on dit. Cherchons encore.

— Cherchez, monseigneur, cherchez.

— Mais, pourquoi pas ? Oui… Non… Si fait…