Page:Dumas - Joseph Balsamo, Lévy frères, 1872, volume 2.djvu/34

Cette page n’a pas encore été corrigée

— Oui.

— Elle ne l’est donc pas ?

— Pas que je sache, madame.

— Mon procès n’est pas évoqué ?

— Non.

— Et il n’est pas question d’un prochain appel ?

— Non, madame ! mon Dieu, non !

— Alors, s’écria la veille dame en se levant, alors on m’a jouée, on s’est indignement moqué de moi.

M. Flageot hissa sa perruque sur le haut de son front en marmottant :

— J’en ai bien peur, madame.

— Maître Flageot !… s’écria la comtesse.

L’avocat bondit sur sa chaise et fit un signe à Marguerite, laquelle se tint prête à soutenir son maître.

— Maître Flageot, continua la comtesse, je ne tolérerai pas cette humiliation, et je m’adresserai à monsieur le lieutenant de police pour qu’on retrouve la perronnelle qui a commis cette insulte vis-à-vis de moi.

— Peuh ! fit M. Flageot ; c’est bien chanceux.

— Une fois trouvée, continua la comtesse emportée par la colère, j’intenterai une action.

— Encore un procès ! dit tristement l’avocat.

Ces mots firent tomber la plaideuse du haut de sa fureur ; la chute fut lourde.

— Hélas ! dit-elle, j’arrivais si heureuse !

— Mais que vous a donc dit cette femme, madame ?

— D’abord, qu’elle venait de votre part.

— Affreuse intrigante !

— Et de votre part elle m’annonçait l’évocation de mon affaire ; c’était imminent ; je ne pouvais faire assez grande diligence, ou je risquais d’arriver trop tard.

— Hélas ! répéta M. Flageot à son tour, nous sommes loin d’être évoqués, madame.

— Nous sommes oubliés, n’est-ce pas ?

— Oubliés, ensevelis, enterrés, madame, et à moins d’un miracle, et, vous le savez, les miracles sont rares…