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Majeur, l’Oberland, le Righi et le Rhin magnifique qui est le Tibre du nord ?

— Oui, dit la jeune femme, avec son même accent monotone, oui, Lorenza a vu tout cela.

— Entraînée par cet homme, n’est-ce pas, mon enfant ? Cédant à une force irrésistible dont vous ne vous rendiez pas compte vous-même ? demanda la princesse.

— Pourquoi croire cela, Madame, quand, loin de là, tout ce que Votre Altesse vient d’entendre lui prouve le contraire. Eh ! d’ailleurs, tenez, s’il vous faut une preuve plus palpable encore, un témoin matériel, voici une lettre de Lorenza elle-même. J’avais été obligé de la laisser, malgré moi, seule à Mayence ; eh bien ! elle me regrettait, elle me désirait, car, en mon absence, elle m’écrivait ce billet que Votre Altesse peut lire.

Le comte tira une lettre de son portefeuille et la remit à la princesse.

La princesse lut :

« Reviens, Acharat ; tout me manque quand tu me quittes. Mon Dieu ! quand donc serai-je à toi pour l’éternité ?

« Lorenza »

La princesse se leva, la flamme de la colère au front, et s’approcha de Lorenza le billet à la main.

Celle-ci la laissa s’approcher sans la voir, sans l’entendre : elle semblait ne voir et n’entendre que le comte.

— Je comprends, dit vivement celui-ci, qui paraissait décidé à se faire jusqu’au bout l’interprète de la jeune femme ; Votre Altesse doute et veut savoir si le billet est bien d’elle, soit ; Votre Altesse sera éclaircie par elle-même. Lorenza, répondez : qui a écrit ce billet ?

Il prit le billet, le mit dans la main de sa femme, qui appliqua aussitôt cette main sur son cœur.

— C’est Lorenza, dit-elle.

— Et Lorenza sait-elle ce qu’il y a dans cette lettre ?

— Sans doute.

— Eh bien ! dites à la princesse ce qu’il y a dans cette lettre, afin