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du village de Subiaco. À cent pas de la dernière maison, une chaise de poste attendait toute attelée. Nous montâmes dedans, et elle partit au galop.

— Et aucune violence ne vous fut faite, aucune menace ne fut proférée ; vous suivîtes cet homme volontairement ?

Lorenza resta muette.

— Son Altesse Royale vous demande, Lorenza, si, par quelque menace ou quelque violence, je vous forçai de me suivre ?

— Non.

— Et pourquoi le suivîtes-vous ?

— Dites, pourquoi m’avez-vous suivi ?

— Parce que je vous aimais, dit Lorenza.

Le comte de Fœnix se retourna vers la princesse avec un sourire triomphant.


LII

SON ÉMINENCE LE CARDINAL DE ROHAN.


Ce qui se passait sous les yeux de la princesse était tellement extraordinaire, qu’elle se demandait, elle, l’esprit fort et tendre à la fois, si l’homme qu’elle avait devant les yeux n’était pas véritablement un magicien disposant des cœurs et des esprits à sa volonté.

Mais le comte de Fœnix ne voulut point s’en tenir là.

— Ce n’est pas tout, Madame, dit-il, et Votre Altesse n’a entendu de la bouche même de Lorenza qu’une partie de notre histoire ; elle pourrait donc conserver des doutes si, de sa bouche encore, elle n’entendait le reste.

Alors, se retournant vers la jeune femme :

— Vous souvient-il, chère Lorenza, dit-il, de la suite de notre voyage, et que nous avons visité ensemble Milan, le lac