Page:Dumas - Joseph Balsamo, Lévy frères, 1872, volume 2.djvu/293

Cette page n’a pas encore été corrigée

mon cercueil, me regarda un instant avec un sourire plein de tristesse, puis il me dit :

« — Lève-toi et marche.

« Les liens qui retenaient mon corps étendu se rompirent aussitôt ; à cette voix puissante, je me levai, et je mis un pied hors de mon cercueil.

« — Es-tu heureuse de vivre ? me demanda-t-il.

« — Ah ! oui, répondis-je.

« — Eh bien, alors, suis-moi.

« L’infirmière, habituée au funèbre office qu’elle remplissait près de moi, après l’avoir rempli près de tant d’autres sœurs, dormait sur sa chaise. Je passai près d’elle sans l’éveiller, et je suivis celui qui, pour la seconde fois, m’arrachait à la mort.

« Nous arrivâmes dans la cour. Je revis ce ciel tout parsemé d’étoiles brillantes que je n’espérais plus revoir. Je sentis cet air frais de la nuit que les morts ne sentent plus, mais qui est si doux aux vivants.

« — Maintenant, me demanda-t-il, avant de quitter ce couvent, choisissez entre Dieu et moi. Voulez-vous être religieuse ? voulez-vous me suivre ?

« — Je veux vous suivre, répondis-je.

« — Alors, venez, dit-il une seconde fois.

« Nous arrivâmes à la porte du tour ; elle était fermée.

« — Où sont les clefs ? me demanda-t-il.

« — Dans les poches de la sœur tourière.

« — Et où sont ces poches ?

« — Sur une chaise près de son lit.

« — Entrez chez elle sans bruit, prenez les clefs, choisissez celle de la porte, et apportez-la-moi.

« J’obéis. La porte de la loge n’était point fermée en dedans. J’entrai. J’allai droit à la chaise. Je fouillai dans les poches ; je trouvai les clefs ; parmi le trousseau, je trouvai celle du tour et je l’apportai.

« Cinq minutes après, le tour s’ouvrait et nous étions dans la rue.

« Alors je pris son bras et nous courûmes vers l’extrémité