Page:Dumas - Joseph Balsamo, Lévy frères, 1872, volume 2.djvu/288

Cette page n’a pas encore été corrigée

— Je mettrai sous vos yeux mon acte de mariage parfaitement en règle et signé du prêtre qui nous a unis.

La princesse tressaillit ; tant de calme brisait ses convictions.

Le comte ouvrit un portefeuille, et développa un papier plié en quatre.

— Voilà la preuve de la vérité de ce que j’avance, Madame, et du droit que j’ai de réclamer cette femme ; la signature fait foi… Votre Altesse veut-elle lire l’acte, et interroger la signature ?

— Une signature ! murmura la princesse avec un doute plus humiliant que ne l’avait été sa colère ; mais si cette signature… ?

— Cette signature est celle du curé de Saint-Jean de Strasbourg, bien connu de monsieur le prince Louis, cardinal de Rohan, et si Son Éminence était ici…

— Justement, M. le cardinal est ici, s’écria la princesse attachant sur le comte des regards enflammés. Son Éminence n’a pas quitté Saint-Denis, elle est dans ce moment-ci chez les chanoines de la cathédrale ; ainsi rien n’est plus aisé que cette vérification que vous nous proposez.

— C’est un grand bonheur pour moi, Madame, répondit le comte, en remettant flegmatiquement son acte dans son portefeuille, car par cette vérification, je l’espère, je verrai se dissiper tous les soupçons injustes que Votre Altesse a contre moi.

— Tant d’impudence me révolte en vérité, dit la princesse en agitant vivement sa sonnette. Ma sœur ! ma sœur !

La religieuse qui avait un instant auparavant introduit le comte de Fœnix accourut.

— Que l’on fasse monter à cheval mon piqueur, dit la princesse, et qu’on l’envoie porter ce billet à M. le cardinal de Rohan ; on le trouvera au chapitre de la cathédrale ; qu’il vienne ici sans retard, je l’attends.

Et tout en parlant, la princesse écrivit à la hâte deux mots qu’elle remit à la religieuse.

Puis elle ajouta tout bas :