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Le comte de Fœnix saisit au passage le regard que jetait la princesse du côté du cabinet.

— Elle s’est retirée dans ce cabinet, acheva-t-il.

La princesse rougit, le comte continua :

— De sorte que je n’attends que l’agrément de Son Altesse pour lui ordonner d’entrer, ce qu’elle fera à l’instant même, je n’en doute pas.

La princesse se rappela que Lorenza s’était enfermée en dedans et que par conséquent rien ne pouvait la forcer de sortir que l’impulsion de sa propre volonté.

— Mais, dit-elle, ne cherchant plus à dissimuler le dépit qu’elle éprouvait d’avoir menti inutilement devant cet homme à qui l’on ne pouvait rien cacher, si elle entre, que fera-t-elle ?

— Rien, Madame ; elle dira seulement à Votre Altesse qu’elle désire me suivre, étant ma femme.

Ce dernier mot rassura la princesse, car elle se rappelait les protestations de Lorenza.

— Votre femme, dit-elle, en êtes-vous bien sûr ?

Et l’indignation perçait sous ses paroles.

— On croirait, en vérité, que Votre Altesse ne me croit pas, dit poliment le comte. Ce n’est pas cependant une chose bien incroyable que le comte de Fœnix ait épousé Lorenza Feliciani, et que, l’ayant épousée, il redemande sa femme.

— Sa femme, encore ! s’écria Madame Louise avec impatience, vous osez dire que Lorenza Feliciani est votre femme ?

— Oui, Madame, répondit le comte avec un naturel parfait, j’ose le dire, car cela est.

— Marié, vous êtes marié ?

— Je suis marié.

— Avec Lorenza ?

— Avec Lorenza.

— Légitimement ?

— Sans doute, et si vous insistez, Madame, dans une dénégation qui me blesse…

— Eh bien, que ferez-vous ?