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je suis certaine, c’est qu’il monte l’escalier… c’est qu’il est à dix pas d’ici à peine… c’est que le voilà !

Tout à coup la porte s’ouvrit ; la princesse recula, épouvantée malgré elle de cette coïncidence bizarre.

Une sœur parut.

— Qui est là ? demanda Madame, et que voulez-vous ?

— Madame, répondit la sœur, un gentilhomme vient de se présenter au couvent, qui veut parler à Votre Altesse Royale.

— Son nom ?

— Monsieur le comte de Fœnix.

— Est-ce lui ? demanda la princesse à Lorenza, et connaissez-vous ce nom ?

— Je ne connais pas ce nom ; mais c’est lui, Madame, c’est lui.

— Que veut-il ? demanda la princesse à la religieuse.

— Chargé d’une mission près du roi de France par Sa Majesté le roi de Prusse, il voudrait, dit-il, avoir l’honneur d’entretenir un instant Votre Altesse Royale.

Madame Louise réfléchit un instant ; puis, se retournant vers Lorenza :

— Entrez dans ce cabinet, dit-elle.

Lorenza obéit.

— Et vous, ma sœur, continua la princesse, faites entrer ce gentilhomme.

La sœur s’inclina et sortit.

La princesse s’assura que la porte du cabinet était bien close, et revint à son fauteuil où elle s’assit, attendant, non sans une certaine émotion, l’événement qui allait s’accomplir.

Presque aussitôt la sœur reparut.

Derrière elle marchait cet homme que nous avons vu, le jour de la présentation, se faire annoncer chez le roi sous le nom du comte de Fœnix.

Il était revêtu du même costume, qui était un uniforme prussien, sévère dans sa coupe ; il portait la perruque militaire et le col noir ; ses grands yeux, si expressifs, s’abaissèrent en présence de Madame Louise, mais seulement pour donner au respect tout ce qu’un homme, si haut placé qu’il