dès aujourd’hui vous vivrez parmi nous, et lorsque vous nous aurez montré combien vous tenez à obtenir cette faveur ; lorsque par votre exemplaire conduite, à laquelle je m’attends, vous l’aurez méritée, ce jour-là vous appartiendrez au Seigneur, et je vous réponds que nul ne vous enlèvera de Saint-Denis, lorsque la supérieure veillera sur vous.
Lorenza se précipita aux pieds de sa protectrice, lui prodiguant les plus tendres, les plus sincères remerciements.
Mais tout à coup elle se releva sur un genou, écouta, pâlit, trembla.
— Oh ! mon Dieu ! dit-elle, mon Dieu ! mon Dieu !
— Quoi ? demanda madame Louise.
— Tout mon corps tremble ! Ne le voyez-vous pas ? Il vient ! il vient !
— Qui cela ?
— Lui ! lui qui a juré de me perdre.
— Cet homme ?
— Oui, cet homme. Ne voyez-vous pas comme mes mains tremblent ?
— En effet.
— Oh ! s’écria-t-elle, le coup au cœur ; il approche, il approche.
— Vous vous trompez.
— Non, non, madame. Tenez, malgré moi, il m’attire, voyez ; retenez-moi, retenez-moi.
Madame Louise saisit la jeune femme par le bras.
— Mais remettez-vous, pauvre enfant, dit-elle ; fût-ce lui, mon Dieu, vous êtes ici en sûreté.
— Il approche ! il approche, vous dis-je ! s’écria Lorenza, terrifiée, anéantie, les yeux fixes, le bras étendu vers la porte de la chambre.
— Folie ! folie ! dit la princesse. Est-ce que l’on entre ainsi chez madame Louise de France ?… Il faudrait que cet homme fût porteur d’un ordre du roi.
— Oh ! madame, je ne sais comment il est entré, s’écria Lorenza en se renversant en arrière ; mais ce que je sais, ce dont