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— Hélas ! il me semble cependant que si, Madame… Mais aussi peut-être étais-je fascinée !

— Par ses paroles d’amour, par ses caresses ?

— Il me parlait rarement d’amour, Madame, et, à part un baiser sur le front le soir et un autre baiser au front le matin, je ne me rappelle point qu’il m’ait jamais fait d’autres caresses.

— Étrange, étrange, en vérité ! murmura la princesse.

Cependant, sous l’empire d’un soupçon, elle reprit :

— Voyons, répétez-moi que vous ne l’aimez pas.

— Je vous le répète, Madame.

— Redites-moi que nul lien terrestre ne vous attache à lui.

— Je vous le redis.

— Que s’il vous réclame, il n’aura aucun droit à faire valoir.

— Aucun !

— Mais enfin, continua la princesse, comment êtes-vous venue ici ? voyons, car je m’y perds.

— Madame, j’ai profité d’un violent orage qui nous surprit un peu au delà d’une ville qu’on appelle, je crois, Nancy. Il avait quitté sa place près de moi ; il était entré dans le second compartiment de sa voiture pour causer avec un vieillard qui habitait ce second compartiment ; je sautai sur son cheval et je m’enfuis.

— Et qui vous fit donner la préférence à la France, au lieu de retourner en Italie ?

— Je réfléchis que je ne pouvais retourner à Rome, puisque bien certainement on devait croire que j’avais agi de complicité avec cet homme ; j’y étais déshonorée, mes parents ne m’eussent point reçue.

« Je résolus donc de fuir à Paris et d’y vivre cachée, ou bien de gagner quelque autre capitale où je pusse me perdre à tous les regards et aux siens surtout.

« Quand j’arrivai à Paris, toute la ville était émue de votre retraite aux Carmélites, Madame ; chacun vantait votre piété, votre sollicitude pour les malheureux, votre compassion pour les affligés. Ce me fut un trait de lumière, Madame ; je fus