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vous êtes évanouie, et voilà tout ; il n’y a rien autre chose ; continuez.

— Oh ! Madame, Madame, ne me dites pas cela, s’écria Lorenza, ou du moins, attendez pour porter un jugement que vous ayez tout entendu. Rien de merveilleux ! continua-t-elle, mais alors, n’est-ce pas, je fusse revenue à moi, dix minutes, un quart d’heure, une heure après mon évanouissement ? Je me serais entretenue avec mes sœurs, j’aurais repris courage et foi parmi elles ?

— Sans doute, dit Madame Louise. Eh bien ! n’est-ce pas ainsi que la chose est arrivée ?

— Madame, dit Lorenza d’une voix sourde et accélérée, lorsque je revins à moi, il faisait nuit. Un mouvement rapide et saccadé me fatiguait depuis quelques minutes. Je soulevai ma tête, croyant être sous la voûte de la chapelle ou sous les rideaux de ma cellule. Je vis des rochers, des arbres, des nuages ; puis, au milieu de tout cela, je sentais une haleine tiède qui me caressait le visage. Je crus que la sœur infirmière me prodiguait ses soins, et je voulus la remercier… Madame, ma tête reposait sur la poitrine d’un homme, et cet homme était mon persécuteur. Je portai les yeux et les mains sur moi-même pour m’assurer si je vivais ou du moins si je veillais. Je poussai un cri. J’étais vêtue de blanc. J’avais sur le front une couronne de roses blanches, comme une fiancée ou comme une morte.

La princesse poussa un cri ; Lorenza laissa tomber sa tête dans ses deux mains.

— Le lendemain, continua en sanglotant Lorenza, le lendemain je vérifiai le temps qui s’était écoulé ; nous étions au mercredi. J’étais donc restée pendant trois jours sans connaissance ; pendant ces trois jours, j’ignore entièrement ce qui s’estpassé.