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— Approchez, madame, dit la princesse, et parlez.

La jeune femme fit un pas en tremblant et voulut mettre un genou en terre.

La princesse la releva.

— N’est-ce pas vous, madame, dit-elle, qu’on appelle Lorenza Feliciani ?

— Oui, Madame.

— Et vous désirez me confier un secret ?

— Oh ! j’en meurs de désir.

— Mais pourquoi n’avez-vous pas recours au tribunal de la pénitence ? Je n’ai pouvoir que de consoler, moi ; un prêtre console et pardonne.

Madame Louise prononça ces derniers mots en hésitant.

— Je n’ai besoin que de consolation, Madame, répondit Lorenza, et d’ailleurs, c’est à une femme seulement que j’oserais dire ce que j’ai à vous raconter.

— C’est donc un récit bien étrange que celui que vous allez me faire.

— Oui, bien étrange. Mais écoutez-moi patiemment, Madame ; c’est à vous seule que je puis parler, je vous le répète, parce que vous êtes toute-puissante, et qu’il me faut presque le bras de Dieu pour me défendre.

— Vous défendre ! Mais on vous poursuit donc ? Mais on vous attaque donc ?

— Oh ! oui, Madame, oui, l’on me poursuit, s’écria l’étrangère avec un indicible effroi.

— Alors, Madame, réfléchissez à une chose, dit la princesse, c’est que cette maison est un couvent et non une forteresse, c’est que rien de ce qui agite les hommes n’y pénètre que pour s’éteindre ; c’est que rien de ce qui peut les servir contre les autres hommes ne s’y trouve ; ce n’est point ici la maison de la justice, de la force et de la répression, c’est tout simplement la maison de Dieu.

— Oh ! voilà, voilà ce que je cherche justement, dit Lorenza. Oui, c’est la maison de Dieu, car dans la maison de Dieu seulement je puis vivre en repos.

— Mais Dieu n’admet pas les vengeances ; comment voulez-