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temps de reste ; on lit une harangue sous le porche ; vous en avez pour une bonne demi-heure. Passez, jeune homme.

— Venez çà, drôle, dit le baron à Gilbert qui affectait de marcher son pas ordinaire ; dites-moi par quel hasard, quand vous devriez être à Taverney, on vous trouve à Saint-Denis ?

Gilbert salua une seconde fois Andrée et le baron et répondit :

— Ce n’est point le hasard, monsieur, qui m’amène ici ; c’est l’acte de ma volonté.

— Comment ! de votre volonté, maroufle ! Auriez-vous une volonté par hasard ?

— Pourquoi pas ? Tout homme libre a le droit d’en avoir une.

— Tout homme libre ! Ah çà ! vous vous croyez donc libre, petit malheureux ?

— Oui, sans doute, puisque je n’ai enchaîné ma liberté à personne.

— Voilà, sur ma foi, un plaisant maraud ! s’écria monsieur de Taverney, interdit de l’aplomb avec lequel parlait Gilbert. Quoi ! vous à Paris, et comment venu, je vous prie… et avec quelles ressources, s’il vous plaît ?

— À pied, dit laconiquement Gilbert.

— À pied ! répéta Andrée avec une certaine expression de pitié.

— Et que viens-tu faire à Paris, je te le demande ? s’écria le baron.

— Mon éducation d’abord, ma fortune ensuite.

— Ton éducation ?

— J’en suis sûr.

— Ta fortune ?

— Je l’espère.

— Et que fais-tu en attendant ? Tu mendies ?

— Mendier ! fit Gilbert avec un superbe dédain.

— Tu voles, alors ?

— Monsieur, dit Gilbert avec un accent de fermeté fière et sauvage qui fixa un instant sur l’étrange jeune homme l’attention