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— C’est qu’on me poursuit, voyez-vous ; vite, vite, l’église !

— Oh ! les murailles de Saint-Denis sont bonnes, fit la sœur converse avec un sourire compatissant, de sorte que, si vous m’en croyez, fatiguée comme vous l’êtes, vous vous en rapporterez à ce que je vous dis, et vous irez vous reposer dans un bon lit, au lieu de meurtrir vos genoux sur la dalle de la chapelle.

— Non, non, je veux prier : je veux prier afin que Dieu écarte de moi ceux qui me poursuivent, s’écria la jeune femme en disparaissant par la porte que lui avait indiquée la religieuse et en fermant la porte derrière elle.

La sœur, curieuse comme une religieuse, fit le tour par la grande porte, et, s’avançant doucement, elle vit au pied de l’autel la femme inconnue priant et sanglotant la face contre terre.


XLVIII

LES BOURGEOIS DE PARIS.


Le chapitre était assemblé en effet, comme l’avaient dit les religieuses à l’étrangère, afin d’aviser au moyen de faire à la fille des Césars une brillante réception.

Son Altesse Royale madame Louise inaugurait ainsi à Saint-Denis son commandement suprême.

Le trésor de la fabrique était un peu en baisse ; l’ancienne supérieure, en résignant ses pouvoirs, avait emporté la majeure partie des dentelles, qui lui appartenaient en propre, ainsi que les reliquaires et les ostensoirs, que prêtaient à leurs communautés ces abbesses tirées toutes des meilleures familles, en se vouant au service du Seigneur aux conditions les plus mondaines.

Madame Louise, en apprenant que la dauphine s’arrêterait à Saint-Denis, avait envoyé un exprès à Versailles, et la nuit