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maison du bon Dieu ? s’écria l’étrangère avec une telle énergie dans le regard et dans la voix, que la sœur, n’osant prendre sur elle de résister plus longtemps, répliqua :

— S’il en est ainsi, je vais essayer.

— Oh ! dites bien à Son Altesse, ajouta l’étrangère, que j’arrive de Rome ; que je n’ai pris, à l’exception de deux haltes que j’ai faites, l’une à Mayence, l’autre à Strasbourg, que je n’ai pris en chemin que le temps nécessaire pour dormir, et que, depuis quatre jours surtout, je ne me suis reposée que pour retrouver la force de me tenir sur mon cheval, et pour donner à mon cheval la force de me porter.

— Je le dirai, ma sœur.

Et la religieuse s’éloigna.

Un instant après, une sœur converse parut.

La tourière marchait derrière elle.

— Eh bien ? demanda l’étrangère, provoquant la réponse tant elle était impatiente de l’entendre.

— Son Altesse Royale a dit, madame, répondit la sœur converse, que ce soir il était de toute impossibilité qu’elle vous donnât audience, mais que l’hospitalité ne vous en serait pas moins offerte au couvent, puisque vous pensiez avoir un si urgent besoin de trouver un asile. Vous pouvez donc entrer, ma sœur, et si vous venez d’accomplir cette longue course, si vous êtes aussi fatiguée que vous le dites, vous n’avez qu’à vous mettre au lit.

— Mais mon cheval ?

— On en aura soin, soyez tranquille, ma sœur.

— Il est doux comme un mouton. Il s’appelle Djérid et vient à ce nom quand on l’appelle. Je vous le recommande instamment, car c’est un merveilleux animal.

— Il sera traité comme le sont les propres chevaux du roi.

— Merci.

— Maintenant, conduisez madame à sa chambre, dit la sœur converse à la sœur tourière.

— Non, pas à ma chambre, à l’église. Je n’ai pas besoin de dormir, j’ai besoin de prier.