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— Ma sœur, j’ai à révéler à votre abbesse des choses de la plus haute importance.

— Revenez demain.

— Impossible… je suis restée un jour à Paris, et déjà, pendant cette journée… d’ailleurs, je ne puis pas coucher à l’hôtellerie.

— Pourquoi cela ?

— Parce que je n’ai point d’argent.

La sœur tourière parcourut d’un œil stupéfait cette femme couverte de pierreries et maîtresse d’un beau cheval, qui prétendait n’avoir point d’argent pour payer son gîte d’une nuit.

— Oh ! ne faites point attention à mes paroles, non plus qu’à mes habits, dit la jeune femme ; non, ce n’est point la vérité exacte que j’ai dite en disant que je n’avais point d’argent, car dans toute hôtellerie on me ferait crédit sans doute. Non ! non ! ce que je viens chercher ici, ce n’est point un gîte, c’est un refuge.

— Madame, ce couvent n’est point le seul qu’il y ait à Saint-Denis, et chacun de ces couvents a son abbesse.

— Oui, oui, je le sais bien, mais ce n’est point à une abbesse vulgaire que je puis m’adresser, ma sœur.

— Je crois que vous vous tromperiez en insistant. Madame Louise de France ne s’occupe plus des choses de ce monde.

— Que vous importe ? annoncez-lui toujours que je veux lui parler.

— Il y a un chapitre, vous dis-je.

— Après le chapitre.

— Le chapitre commence à peine.

— J’entrerai dans l’église et j’attendrai en priant.

— Je suis désespérée, madame.

— Quoi ?

— Vous ne pouvez pas attendre.

— Je ne puis pas attendre ?

— Non.

— Oh ! je me trompais donc ! je ne suis donc pas dans la