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Dans un coin du jardin, tout entouré de jeunes arbres et de fleurs, s’élevait un petit pavillon, aux contrevents fermés.

Gilbert pensa d’abord que ces contrevents étaient fermés à cause de l’heure, et que ceux qui habitaient ce pavillon n’étaient pas encore éveillés. Mais comme les arbres naissants avaient collé leur feuillage contre ces contrevents, Gilbert comprit bientôt que ce pavillon devait être inhabité depuis l’hiver, tout au moins.

Il en revint alors à admirer les beaux tilleuls qui lui cachaient le logement principal.

Deux ou trois fois la faim avait entraîné Gilbert à jeter les yeux sur le morceau de pain que, la veille, lui avait coupé Thérèse, mais toujours maître de lui, et tout en le convoitant, il n’y avait pas touché.

Cinq heures sonnèrent, alors il pensa que la porte de l’allée devait être ouverte ; et lavé, brossé et peigné, Gilbert, grâce aux soins de Jean-Jacques, avait, en remontant dans son grenier, trouvé les objets nécessaires à sa modeste toilette, et lavé, brossé, peigné, disons-nous, il prit son morceau de pain et descendit.

Rousseau, qui cette fois n’avait pas été le réveiller, Rousseau, qui par un excès de défiance peut-être, et pour mieux se rendre compte des habitudes de son hôte, n’avait point fermé sa porte la veille, Rousseau l’entendit descendre et le guetta.

Il vit Gilbert sortir son pain sous le bras.

Un pauvre s’approcha de lui, il vit Gilbert lui donner son pain, puis entrer chez un boulanger, qui venait d’ouvrir sa boutique, et acheter un autre morceau de pain.

— Il va aller chez le traiteur, pensa Rousseau, et ses pauvres dix sous y passeront.

Rousseau se trompait ; tout en marchant, Gilbert mangea une partie de son pain, puis s’arrêtant à la fontaine qui coulait au coin de la rue, il but, mangea le reste de son pain, but encore, se rinça la bouche, se lava les mains et revint.

— Ma foi, dit Rousseau, je crois que je suis plus heureux que Diogène, et que j’ai trouvé un homme.