— Sans doute, répondit celui-ci ; c’est du papier de musique.
— Eh bien, lorsqu’une de ces feuilles a été noircie convenablement par moi, c’est-à-dire quand j’ai copié dessus autant de musique qu’elle peut en contenir, j’ai gagné dix sous ; c’est le prix que j’ai fixé moi-même. Croyez-vous que vous apprendrez à copier de la musique ?
— Oui, monsieur, je le crois.
— Mais est-ce que ce petit barbouillage de points noirs embrochés de raies uniques, doubles ou triples, ne vous tourbillonne pas devant les yeux ?
— C’est vrai, monsieur. Au premier coup d’œil je n’y comprends pas grand-chose ; cependant, en m’appliquant, je distinguerai les notes les unes des autres ; par exemple, voici un fa.
— Où cela ?
— Ici, embroché dans la ligne la plus élevée.
— Et cette autre entre les deux lignes basses ?
— C’est encore un fa.
— La note au-dessus de celle qui est à cheval sur la deuxième ligne ?
— C’est un sol.
— Mais vous savez lire la musique alors ?
— C’est-à-dire que je connais le nom des notes, mais je n’en connais point la valeur.
— Et savez-vous quand elles sont blanches, noires, croches, doubles-croches et triples-croches ?
— Oh ! oui, je sais cela.
— Et ces signes ?
— Ceci, c’est un soupir.
— Et ceci ?
— Un dièse.
— Et ceci ?
— Un bémol.
— Très bien ! Ah çà ! mais, avec votre ignorance, fit Jacques, dont l’œil commençait à se voiler de cette défiance qui lui paraissait habituelle, avec votre ignorance, voilà que vous