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— J’aime tout cela vaguement, dit Gilbert, mais j’y suis trop accoutumé pour y faire grande attention.

— Dites qu’il n’y a pas assez longtemps que vous avez perdu la campagne pour la regretter encore. Mais vous avez fini ; allons travailler.

Et montrant le chemin à Gilbert, Jacques le fit sortir et ferma le cadenas derrière lui.

Cette fois, Jacques conduisit son compagnon droit à la pièce que Thérèse, la veille, avait désignée sous le nom de son cabinet.

Des papillons sous verre, des herbes et des minéraux encadrés dans des bordures de bois noir, des livres dans une bibliothèque de noyer, une table étroite et longue, couverte d’un petit tapis de laine verte et noire usée par le frottement, et sur laquelle des manuscrits étaient rangés en bon ordre, quatre chaises-fauteuils de merisier, foncés et couverts de crin noir, tel était l’ameublement du cabinet, le tout luisant, ciré, irréprochable d’ordre et de propreté, mais froid à l’œil et au cœur, tant le jour tamisé par des rideaux de siamoise était gris et faible, tant le luxe et même le bien-être semblait éloigné de cette cendre froide et de ce foyer noir.

Un petit clavecin de bois de rose porté par quatre pieds droits, et sur la cheminée un maigre cartel, signé : « Dolt, à l’Arsenal », rappelaient seuls, l’un par la vibration de ses fils d’acier éveillés par le passage des voitures dans la rue, l’autre par son balancier argentin, que quelque chose vivait dans cette espèce de tombeau.

Gilbert entra respectueusement dans le cabinet que nous venons de décrire ; il trouvait le mobilier presque somptueux, car c’était à peu près celui du château de Taverney ; le carreau ciré surtout lui imposait fort.

— Asseyez-vous, lui dit Jacques en lui montrant une seconde petite table placée dans l’embrasure d’une fenêtre, je vais vous dire quelle est l’occupation que je vous ai destinée.

Gilbert s’empressa d’obéir.

— Connaissez-vous ceci ? demanda le vieillard.

Et il montrait à Gilbert un papier rayé à intervalles égaux.