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se laisser dépister ainsi, quand elle était sur la trace de quelque bonne méchanceté.

— J’ai mal dit, et ce n’est pas le mot propre. Au lieu d’intrusion, j’aurai dû dire introduction.

— Ah ! ah ! dit le roi, voici déjà une amélioration ; l’autre mot me gênait, je l’avoue, j’aime mieux introduction.

— Et cependant, sire, continua Madame Victoire, je crois que ce n’est pas encore là le véritable mot.

— Et quel est-il, voyons ?

— C’est présentation.

— Ah ! oui, dirent les autres sœurs se réunissant à leur aînée, je crois que le voilà trouvé cette fois.

Le roi se pinça les lèvres.

— Ah ! vous croyez ? dit-il.

— Oui, reprit Madame Adélaïde. Je dis donc que ma sœur craignait fort les nouvelles présentations.

— Eh bien ! fit le roi qui désirait en finir tout de suite, après ?

— Eh bien ! mon père, elle aura eu peur, par conséquent, de voir arriver à la cour madame la comtesse du Barry.

— Allons donc ! s’écria le roi avec un élan irrésistible de dépit, allons donc ! dites le mot, et ne tournez pas si longtemps autour ; cordieu ! comme vous nous lanternez, madame la Vérité !

— Sire, répondit madame Adélaïde, si j’ai tant tardé à dire à Votre Majesté ce que je viens de lui dire, c’est que le respect m’a retenue, et que son ordre seul pouvait m’ouvrir la bouche sur un pareil sujet.

— Ah ! oui ! avec cela que vous la tenez fermée, votre bouche ; avec cela que vous ne bâillez pas, que vous ne parlez pas, que vous ne mordez pas !…

— Il n’en est pas moins vrai, sire, continua Madame Adélaïde, que je crois avoir trouvé le véritable motif de la retraite de ma sœur.

— Eh bien ! vous vous trompez.

— Oh ! sire, répétèrent ensemble et en hochant la tête de haut en bas Madame Victoire et Madame Sophie ; oh ! sire, nous sommes bien certaines.

— Ouais ! interrompit