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Puis il réfléchit qu’au bout du compte M. Jacques lui faisait l’aumône ; et comme il avait vu faire l’aumône à Taverney, non seulement il ne s’étonna plus, mais l’étonnement commença de faire place à la reconnaissance.

Sa chandelle à la main, il parcourut, en prenant les précautions recommandées par Jacques, tous les coins du galetas, s’occupant peu des habits de Thérèse, dont il ne voulut pas même distraire une vieille robe pour se faire une couverture.

Il s’arrêta aux piles de papiers imprimés qui éveillaient au dernier point sa curiosité.

Elles étaient ficelées ; il n’y toucha point.

Le cou tendu, l’œil avide, il passa des liasses ficelées aux sacs de haricots.

Les sacs de haricots étaient faits d’un papier fort blanc, toujours imprimé, joint avec des épingles.

Dans un mouvement un peu brusque qu’il fit, Gilbert toucha la corde avec sa tête : un des sacs tomba.

Plus pâle, plus effaré que s’il eût forcé la serrure d’un coffre-fort, le jeune homme se hâta de ramasser les haricots épars sur le plancher et de les remettre dans le sac.

En se livrant à cette opération, il regarda machinalement le papier, machinalement encore ses yeux lurent quelques mots ; ces mots attirèrent son attention. Il repoussa les haricots, et s’asseyant sur sa paillasse il lut,car ces mots étaient si parfaitement en harmonie avec sa pensée et surtout avec son caractère, qu’ils semblaient écrits, non seulement pour lui, mais encore par lui.

Les voici :

« D’ailleurs, des couturières, des filles de chambre, de petites marchandes ne me tentaient guère ; il me fallait des demoiselles ; chacun a sa fantaisie, ç’a toujours été la mienne. Je ne pense pas comme Horace sur ce point-là. Ce n’est pourtant pas du tout la vanité de l’état et du rang qui m’attire, c’est un teint mieux conservé, de plus belles mains, une parure plus gracieuse, un air de délicatesse et de propreté sur toute la personne, plus de goût dans la manière de se mettre et de s’exprimer, une robe plus fine et mieux faite, une chaussure