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tenait Jacques faillit s’éteindre lorsqu’ils pénétrèrent dans le grenier.

La paillasse dont avait fastueusement parlé Jacques gisait en effet à terre et s’offrait tout d’abord aux regards comme le meuble principal de la chambre. Çà et là des piles de vieux papiers imprimés, jaunis sur leurs tranches, s’élevaient au milieu d’un amas de livres rongés par les rats.

À deux cordes placées transversalement et à la première desquelles faillit s’étrangler Gilbert, crépitaient en dansant au vent de la nuit des sacs de papier renfermant des haricots séchés dans leurs gousses, des herbes aromatiques et des linges de ménage mêlés à de vieilles hardes de femmes.

— Ce n’est pas beau, dit Jacques ; mais le sommeil et l’obscurité rendent égaux aux plus somptueux palais les plus pauvres chaumières. Dormez comme on dort à votre âge, mon jeune ami, et rien ne vous empêchera de croire demain matin que vous avez dormi dans le Louvre. Mais surtout prenez bien garde au feu !

— Oui, monsieur, dit Gilbert un peu étourdi de tout ce qu’il venait de voir et d’entendre.

Jacques sortit en lui souriant, puis il revint.

— Demain nous causerons, dit-il. Je pense que vous ne répugnerez point à travailler, n’est-ce pas ?

— Vous savez, monsieur, répondit Gilbert, que travailler, au contraire, est tout mon désir.

— Voilà qui est bien.

Et Jacques fit de nouveau un pas vers la porte.

— Travail digne, bien entendu, répondit le pointilleux Gilbert.

— Je n’en connais pas d’autre, mon jeune ami. Ainsi donc, à demain.

— Bonsoir et merci, monsieur, dit Gilbert.

Jacques sortit, ferma la porte en dehors, et Gilbert resta seul dans son galetas.

D’abord émerveillé, puis pétrifié d’être à Paris, il se demanda si c’était bien Paris, cette ville où l’on voyait des chambres pareilles à la sienne.