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Après cette seconde manifestation de sa volonté, le vieillard attendit.

Alors Thérèse, qui l’avait regardé avec attention, et qui, tandis qu’il parlait, paraissait étudier chaque muscle de son visage, sembla comprendre qu’il n’y avait pas de lutte possible en ce moment, et changea de tactique subitement.

Elle eût échoué en s’obstinant à combattre contre Gilbert ; elle se mit à combattre pour lui : il est vrai que c’était en alliée bien près de trahir.

— Au fait, dit-elle, puisque ce jeune monsieur vous a accompagné ici, c’est que vous le connaissez bien, et mieux vaut qu’il reste chez nous. Je ferai tant bien que mal un lit dans votre cabinet, près des liasses de papier.

— Non, non, dit Jacques vivement ; un cabinet n’est point un endroit où l’on couche. On peut mettre le feu à ces papiers.

— Beau malheur ! murmura Thérèse.

Puis tout haut.

— Dans l’antichambre, alors, devant le buffet.

— Non plus.

— Alors, je vois que malgré notre bonne volonté à tous deux ce sera impossible ; car, à moins que de prendre votre chambre ou la mienne…

— Il me semble, Thérèse, que vous ne cherchez pas bien.

— Moi ?

— Sans doute. N’avons-nous point la mansarde ?

— Le grenier, voulez-vous dire ?

— Non, ce n’est pas un grenier, c’est un cabinet un peu mansardé, mais sain, avec une vue sur des jardins magnifiques, ce qui est rare à Paris.

— Oh ! qu’importe, monsieur, dit Gilbert, fût-ce un grenier, je m’estimerai encore heureux, je vous jure.

— Pas du tout, pas du tout, dit Thérèse. Tiens, c’est là que j’étends mon linge.

— Ce jeune homme n’y dérangera rien, Thérèse. N’est-ce pas, mon ami, vous veillerez à ce qu’il n’arrive aucun accident au linge de cette bonne ménagère ? Nous sommes pauvres, et toute perte nous est lourde.