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de sa compagnie toute la journée et que ma bonne Thérèse, j’en suis sûr, va recevoir comme un ami.

— Il y a de quoi pour deux, grommela Thérèse, et non pour trois.

— Je suis sobre et lui aussi, dit Jacques.

— Oui, oui, c’est bon. Je connais cette sobriété-là. Je vous déclare qu’il n’y a pas assez de pain à la maison pour la nourrir, votre double sobriété, et que je ne descendrai pas trois étages pour en chercher. D’ailleurs, à l’heure qu’il est, le boulanger est fermé.

— Alors c’est moi qui descendrai, dit Jacques en fronçant le sourcil. Ouvrez-moi la porte, Thérèse.

— Mais…

— Je le veux !

— C’est bien ! c’est bien ! dit alors la vieille en grommelant, mais en cédant toutefois au ton absolu auquel son opposition avait graduellement conduit Jacques. Ne suis-je pas là pour faire tous vos caprices ?… Voyons, on fera assez de ce qu’il y aura. Venez souper.

— Asseyez-vous près de moi, dit Jacques à Gilbert en le conduisant près d’une petite table dressée dans la chambre voisine, et sur laquelle, à côté de deux couverts, deux serviettes roulées et attachées, l’une avec un cordon rouge, et l’autre avec un cordon blanc, indiquaient la place de chacun des maîtres du logis.

Cette chambre, exiguë et carrée, était tapissée d’un petit papier bleu pâle, à dessins blancs. Deux grandes cartes de géographie ornaient les murailles. Le reste de l’ameublement se composait de six chaises en bois de merisier, à siège de paille, de la table en question et d’un chiffonnier rempli de bas raccommodés.

Gilbert s’assit ; la vieille plaça devant lui une assiette et lui apporta un couvert usé par le service, puis elle ajouta à ces divers ustensiles un gobelet d’étain soigneusement poli.

— Vous ne descendez pas ? demanda Jacques à sa femme.

— C’est inutile, fit-elle d’un ton bourru qui indiquait la