Page:Dumas - Joseph Balsamo, Lévy frères, 1872, volume 2.djvu/198

Cette page n’a pas encore été corrigée

— Attendez, attendez, dit Gilbert, je crois avoir vu ce que vous cherchez, tout à l’heure sur une roche.

— Loin d’ici ?

— Non, là, à cinquante pas à peine.

— Mais comment savez-vous que les plantes que vous avez vues sont des capillaires ?

— Je suis né dans les bois, monsieur ; puis, la fille de celui chez qui j’ai été élevé s’occupait aussi de botanique ; elle avait un herbier, et au-dessous de chaque plante, le nom de cette plante était écrit de sa main. J’ai souvent regardé ces plantes et cette écriture, et il me semble avoir vu des mousses que je ne connaissais, moi, que sous le nom de mousses de roches, désignées sous celui de capillaires.

— Et vous vous sentez du goût pour la botanique ?

— Ah ! monsieur, quand j’entendais dire par Nicole, Nicole était la femme de chambre de mademoiselle Andrée ; quand j’entendais dire que sa maîtresse cherchait inutilement quelques plantes dans les environs de Taverney, je demandais à Nicole de tâcher de savoir la forme de cette plante. Alors souvent, sans savoir que c’était moi qui avais fait cette demande, mademoiselle Andrée la dessinait en quatre coups de crayon. Nicole aussitôt prenait le dessin et me le donnait. Alors je courais par les champs, par les prés et par les bois, jusqu’à ce que j’eusse trouvé la plante en question. Puis, quand je l’avais trouvée, je l’enlevais avec une bêche, et la nuit je la transplantais au milieu de la pelouse ; de sorte qu’un beau matin, en se promenant, mademoiselle Andrée jetait un cri de joie, en disant : « Ah ! mon Dieu ! comme c’est étrange, cette plante que j’ai cherchée partout, la voilà. »

Le vieillard regarda Gilbert avec plus d’attention qu’il ne l’avait fait encore ; et si Gilbert, songeant à ce qu’il venait de dire, n’eût baissé les yeux en rougissant, il eût pu voir que cette attention était mêlée d’un intérêt plein de tendresse.

— Eh bien ! lui dit-il, continuez d’étudier la botanique, jeune homme ; la botanique vous conduira par le plus court chemin à la médecine. Dieu n’a rien fait d’inutile, croyez-moi, et chaque plante aura un jour sa signification au livre de la