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Le laquais qui avait amené Gilbert attendait sa sortie. Il le conduisit dans une petite salle à manger attenante à l’antichambre où il avait été introduit. Zamore était à table.

Gilbert alla s’asseoir près de lui, mais on ne put le forcer à manger.

Trois heures sonnèrent ; madame du Barry partit pour Paris. Chon, qui devait la rejoindre plus tard, donna ses instructions pour qu’on apprivoisât son ours. Force entremets sucrés s’il faisait bon visage ; force menaces, suivies d’une heure de cachot, s’il continuait de se rebeller.

À quatre heures, on apporta dans la chambre de Gilbert le costume complet du Médecin malgré lui : bonnet pointu, perruque, justaucorps noir, robe de même couleur. On y avait joint la collerette, la baguette et le gros livre.

Le laquais, porteur de toute cette défroque, lui montra l’un après l’autre chacun de ces objets, Gilbert ne témoigna aucune intention de résister.

M. Grange entra derrière le laquais, et lui apprit comment on devait mettre les différentes pièces du costume ; Gilbert écouta patiemment toute la démonstration de M. Grange.

— Je croyais, dit seulement Gilbert, que les médecins portaient autrefois une écritoire et un petit rouleau de papier.

— Ma foi ! il a raison, dit M. Grange ; cherchez-lui une longue écritoire, qu’il se pendra à la ceinture.

— Avec plume et papier, cria Gilbert. Je tiens à ce que le costume soit complet.

Le laquais s’élança pour exécuter l’ordre donné. Il était chargé en même temps de prévenir mademoiselle Chon de l’étonnante bonne volonté de Gilbert.

Mademoiselle Chon fut si ravie, qu’elle donna au messager une petite bourse contenant huit écus, et destinée à être attachée avec l’encrier à la ceinture de ce médecin modèle.

— Merci, dit Gilbert, à qui l’on apporta le tout. Maintenant veut-on me laisser seul, afin que je m’habille ?

— Alors, dépêchez-vous, dit M. Grange, afin que Mademoiselle puisse vous voir avant son départ pour Paris.