Page:Dumas - Joseph Balsamo, Lévy frères, 1872, volume 2.djvu/179

Cette page n’a pas encore été corrigée

— Bien, s’écria Chon, le voilà qui reprend sa mine allongée. En vérité, vous vous rendez laid à faire plaisir, mon petit homme. Gardez toutes ces mines fantasques pour le moment où la perruque sera sur votre tête et le chapeau pointu sur la perruque ; alors, au lieu d’être laid, ce sera comique.

Gilbert fronça une seconde fois le sourcil.

— Voyons, dit Chon, vous pouvez bien accepter le poste de médecin du roi, quand M. le duc de Tresme sollicite le titre de sapajou de ma sœur ?

Gilbert ne répondit rien. Chon lui fit l’application du proverbe : « Qui ne dit rien, consent. »

— Pour preuve que vous commencez d’être en faveur, dit Chon, vous ne mangerez point aux offices.

— Ah ! merci, madame, répondit Gilbert.

— Non, j’ai déjà donné des ordres à cet effet.

— Et où mangerai-je ?

— Vous partagerez le couvert de Zamore.

— Moi ?

— Sans doute ; le gouverneur et le médecin du roi peuvent bien manger à la même table. Allez donc dîner avec lui si vous voulez.

— Je n’ai pas faim, répondit rudement Gilbert.

— Très bien, dit Chon avec tranquillité ; vous n’avez pas faim maintenant, mais vous aurez faim ce soir.

Gilbert secoua la tête.

— Si ce n’est ce soir, ce sera demain, après-demain. Ah ! vous vous adoucirez, monsieur le rebelle, et si vous nous donnez trop de mal, nous avons monsieur le correcteur des pages qui est à notre dévotion.

Gilbert frissonna et pâlit.

— Rendez-vous donc près du seigneur Zamore, dit Chon avec sévérité ; vous ne vous en trouverez pas mal ; la cuisine est bonne ; mais prenez garde d’être ingrat, car on vous apprendrait la reconnaissance.

Gilbert baissa la tête.

Il en était ainsi chaque fois qu’au lieu de répondre il venait de se résoudre à agir.