Page:Dumas - Joseph Balsamo, Lévy frères, 1872, volume 2.djvu/177

Cette page n’a pas encore été corrigée

de cette résistance à laquelle elle n’était pas habituée. Oh ! que non !

La figure de Gilbert se contracta.

— Allons, allons, dit la jeune femme, qui vit au froncement de sourcils de son interlocuteur qu’il ne renonçait pas facilement à sa liberté. Allons, la paix !… Vous êtes un joli garçon très vertueux, et en cela vous serez très divertissant, ne fût-ce que par le contraste que vous ferez avec tout ce qui nous entoure. Seulement, gardez votre amour pour la vérité.

— Sans doute, je le garderai, dit Gilbert.

— Oui, mais nous entendons la chose de deux façons différentes. Je dis : gardez-le pour vous, et n’allez pas célébrer votre culte dans les corridors de Trianon ou dans les antichambres de Versailles.

— Hum ! fit Gilbert.

— Il n’y a pas de hum ! Vous n’êtes pas si savant, mon petit philosophe, que vous ne puissiez apprendre beaucoup de choses d’une femme ; et d’abord, premier axiome : On ne ment pas en se taisant ; retenez bien ceci.

— Mais si l’on m’interroge ?

— Qui cela ? Êtes-vous fou, mon ami ? Bon Dieu ! qui songe donc à vous au monde si ce n’est moi ? Vous n’avez pas encore d’école, ce me semble, monsieur le philosophe. L’espèce dont vous faites partie est encore rare. Il faut courir les grands chemins et battre les buissons pour trouver vos pareils. Vous demeurerez avec moi, et je ne vous donne pas quatre fois vingt-quatre heures pour que nous vous voyions transformé en courtisan parfait.

— J’en doute, répondit impérialement Gilbert.

Chon haussa les épaules.

Gilbert sourit.

— Mais brisons là, reprit Chon ; d’ailleurs, vous n’avez besoin que de plaire à trois personnes.

— Et ces trois personnes sont ?

— Le roi, ma sœur et moi.

— Que faut-il faire pour cela ?