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exclue de la confiance de M. Gilbert. Ce n’est cependant pas l’envie de la conquérir qui me manque ; c’est l’ignorance où je suis des moyens que l’on doit employer.

Gilbert se pinça les lèvres.

— Bref, ces Taverney n’ont pas su vous contenter, ajouta Chon avec une curiosité dont Gilbert sentit la tendance. Dites-moi donc un peu ce que vous faisiez chez eux ?

Gilbert fut assez embarrassé, car il ne savait pas lui-même ce qu’il faisait à Taverney.

— Madame, dit-il, j’étais…, j’étais homme de confiance.

À ces mots, prononcés avec le flegme philosophique qui caractérisait Gilbert, Chon fut prise d’un tel accès de rire, qu’elle se renversa sur sa chaise en éclatant.

— Vous en doutez ? dit Gilbert en fronçant le sourcil.

— Dieu m’en garde ! Savez-vous, mon cher ami, que vous êtes féroce et que l’on ne peut vous rien dire. Je vous demandais quels gens étaient ces Taverney. Ce n’est point pour vous désobliger, mais bien plutôt pour vous servir en vous vengeant.

— Je ne me venge pas, ou je me venge moi-même, madame.

— Très bien, mais nous avons nous-mêmes un grief contre les Taverney ; puisque de votre côté vous en avez un et même peut-être plusieurs, nous sommes donc naturellement alliés.

— Vous vous trompez, madame, ma façon de me venger ne peut avoir aucun rapport avec la vôtre, car vous parlez des Taverney en général, et moi j’admets différentes nuances dans les divers sentiments que je leur porte.

— Et M. Philippe de Taverney, par exemple, est-il dans les nuances sombres ou dans les nuances tendres ?

— Je n’ai rien contre M. Philippe. M. Philippe ne m’a jamais fait ni bien ni mal. Je ne l’aime ni le déteste ; il m’est tout à fait indifférent.

— Alors vous ne déposeriez pas devant le roi ou devant M. de Choiseul contre M. Philippe de Taverney ?

— À quel propos ?