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roi entra en carrosse à huit chevaux à Compiègne, avec la double haie de sa maison militaire, suivi par la foule immense des voitures de sa cour.

Les gendarmes et les dragons ouvraient au galop cette foule partagée entre le désir de voir le roi et celui d’aller au-devant de la dauphine, car il y avait l’éclat d’un côté et l’intérêt de l’autre.

Cent carrosses à quatre chevaux, tenant presque l’espace d’une lieue, roulaient quatre cents femmes et autant de seigneurs de la plus haute noblesse de France. Ces cent carrosses étaient escortés de piqueurs, de heiduques, de coureurs et de pages. Les gentilshommes de la maison du roi étaient à cheval et formaient une armée étincelante qui brillait au milieu de la poussière soulevée par les pieds des chevaux, comme un flot de velours, d’or, de plumes et de soie.

On fit une halte d’un instant à Compiègne, puis on sortit de la ville au pas pour s’avancer jusqu’à la limite convenue, qui était une croix placée sur la route, à la hauteur du village de Magny.

Toute la jeunesse de France entourait le dauphin ; toute la vieille noblesse était près du roi.

De son côté, la dauphine, qui n’avait pas changé de carrosse, s’avança d’un pas calculé vers la limite convenue. Les deux troupes se joignirent enfin.

Tous les carrosses furent aussitôt vides. Des deux côtés, la foule des courtisans descendit ; deux seuls carrosses étaient encore pleins : l’un, celui du roi, et l’autre, celui de la dauphine.

La portière du carrosse de la dauphine s’ouvrit, et la jeune archiduchesse sauta légèrement à terre.

La princesse alors s’avança vers la portière du carrosse royal.

Louis XV, en apercevant sa bru, fit ouvrir la portière de son carrosse et descendit à son tour avec empressement.

Madame la dauphine avait si heureusement calculé sa marche, qu’au moment où le roi posait le pied à terre elle se jetait à ses genoux.