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— Pourrai-je en tout temps, en tout lieu, à toute heure, pénétrer jusqu’à vous, madame ?

— Je vous le promets.

— Merci.

— Mais sous quel nom vous présenterez-vous ? est-ce sous celui du comte de Fœnix ?

— Non, ce sera sous celui de Joseph Balsamo.

— Joseph Balsamo…, répéta la comtesse, tandis que le mystérieux étranger se perdait au milieu des groupes. Joseph Balsamo ! C’est bien ! je ne l’oublierai pas.


XXXIX

COMPIÈGNE.


Le lendemain, Compiègne se réveilla ivre et transporté, ou, pour mieux dire, Compiègne ne se coucha point.

Dès la veille, l’avant-garde de la maison du roi avait disposé ses logements dans la ville, et tandis que les officiers prenaient connaissance des lieux, les notables, de concert avec l’intendant des menus, préparaient la ville au grand honneur qu’elle allait recevoir.

Des arcs de triomphe en verdure, des massifs de roses et de lilas, des inscriptions latines, françaises et allemandes, en vers et en prose, occupèrent l’édilité picarde jusqu’au jour.

Des jeunes filles vêtues de blanc, selon l’usage immémorial, les échevins vêtus de noir, les cordeliers vêtus de gris, le clergé paré de ses habits les plus riches, les soldats et les officiers de la garnison sous leurs uniformes neufs, furent placés à leurs postes, tous se tenant prêts à marcher aussitôt qu’on signalerait l’arrivée de la princesse.

Le dauphin, parti de la veille, était arrivé incognito vers les onze heures du soir avec ses deux frères. Il monta de grand matin à cheval, sans autre distinction que s’il eût été un