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— Et qui nous regarde en ce moment ? demanda Louis XV.

— Oui, répondit la comtesse.

— Cette forte figure, cette tête carrée, encadrée dans un collet d’or ?

— Oui, oui, justement.

— Un accrédité de mon cousin de Prusse… quelque philosophe comme lui. Je l’ai fait venir ce soir. Je voulais que la philosophie prussienne consacrât le triomphe de Cotillon III par ambassadeur.

— Mais son nom, sire ?

— Attendez… le roi chercha. Ah ! c’est cela : le comte de Fœnix.

— C’est lui ! murmura madame du Barry, c’est lui, j’en suis sûre !

Le roi attendit encore quelques secondes pour donner le temps à madame du Barry de lui faire de nouvelles questions ; mais voyant qu’elle gardait le silence :

— Mesdames, dit-il en élevant la voix, c’est demain que madame la dauphine arrive à Compiègne. S. A. R. sera reçue à midi précis : toutes les dames présentées seront du voyage, excepté pourtant celles qui sont malades ; car le voyage est fatigant, et madame la dauphine ne voudrait pas aggraver les indispositions.

Le roi prononça ces mots en regardant avec sévérité M. de Choiseul, M. de Guéménée et M. de Richelieu.

Il se fit autour du roi un silence de terreur. Le sens des paroles royales avait été bien compris : c’était la disgrâce.

— Sire, dit madame du Barry qui était restée aux côtés du roi, je vous demande grâce en faveur de madame la comtesse d’Egmont.

— Et pourquoi, s’il vous plaît ?

— Parce qu’elle est la fille de M. le duc de Richelieu, et que M. de Richelieu est mon plus fidèle ami.

— Richelieu ?

— J’en suis certaine, sire.

— Je ferai ce que vous voudrez, comtesse, dit le roi.

Et s’approchant du maréchal qui n’avait pas perdu de vue un