Page:Dumas - Joseph Balsamo, Lévy frères, 1872, volume 2.djvu/146

Cette page n’a pas encore été corrigée

— Tant pis ! dit le roi. Malade, madame d’Egmont, la plus belle santé de France ! Tant pis ! tant pis !

Et le roi quitta M. de Richelieu comme il avait quitté M. de Choiseul et M. de Guéménée.

Puis, il accomplit le tour de son salon, complimentant surtout madame de Mirepoix qui ne se sentait pas d’aise.

— Voilà le prix de la trahison, dit le maréchal à son oreille ; demain, vous serez comblée d’honneurs, tandis que nous !… je frémis d’y penser.

Et le duc poussa un soupir.

— Mais il me semble que vous-même n’avez pas mal trahi les Choiseul, puisque vous voici… Vous aviez juré…

— Pour ma fille, maréchale, pour ma pauvre Septimanie ! La voici disgraciée pour avoir été trop fidèle.

— À son père ! répliqua la maréchale.

Le duc fit semblant de ne pas entendre cette réponse, qui pouvait passer pour une épigramme.

— Mais, dit-il, ne vous semble-t-il pas, maréchale, que le roi est inquiet ?

— Dame ! il y a de quoi.

— Comment ?

— Dix heures un quart.

— Ah ! c’est vrai, et la comtesse ne vient pas. Tenez, maréchale, voulez-vous que je vous dise ?

— Dites.

— J’ai une crainte.

— Laquelle ?

— C’est qu’il ne soit arrivé quelque chose de fâcheux à cette pauvre comtesse. Vous devez savoir cela, vous ?

— Pourquoi, moi ?

— Sans doute, vous nagiez dans la conspiration jusqu’au cou.

— Eh bien ! répondit la maréchale, en confidence, duc, j’en ai peur comme vous.

— Notre amie la duchesse est un rude antagoniste qui blesse en fuyant, à la manière des Parthes ; or, elle a fui. Voyez comme M. de Choiseul est inquiet, malgré sa volonté de paraître