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plus de cinquante gentilshommes, qui ne s’étaient point juré de venir à la présentation, et, pour cette raison probablement, étaient tous présents.

Le roi remarqua, tout d’abord, que madame de Grammont, madame de Guéménée et madame d’Egmont manquaient à cette splendide assemblée.

Il s’approcha de M. de Choiseul, qui affectait un grand calme, et qui, malgré ses efforts, n’arrivait qu’à une fausse indifférence.

— Je ne vois pas madame la duchesse de Grammont ici ? dit-il.

— Sire, répondit M. de Choiseul, ma sœur est malade, et m’a chargé d’offrir à Sa Majesté ses très humbles respects.

— Tant pis ! fit le roi.

Et il tourna le dos à M. de Choiseul.

En se retournant, il se trouva en face du prince de Guéménée.

— Et madame la princesse de Guéménée, dit-il, où est-elle donc ? Ne l’avez-vous pas amenée, prince ?

— Impossible, sire, la princesse est malade ; en allant la prendre chez elle, je l’ai trouvée au lit.

— Ah ! tant pis ! tant pis ! dit le roi. Ah ! voici le maréchal. Bonsoir duc.

— Sire…, fit le vieux courtisan en s’inclinant avec la souplesse d’un jeune homme.

— Vous n’êtes pas malade, vous, dit le roi assez haut pour que MM. de Choiseul et de Guéménée l’entendissent.

— Chaque fois, sire, répondit le duc de Richelieu, qu’il s’agit pour moi du bonheur de voir Votre Majesté, je me porte à merveille.

— Mais, dit le roi en regardant autour de lui, votre fille, madame d’Egmont, d’où vient donc qu’elle n’est pas ici ?

Le duc, voyant qu’on l’écoutait, prit un air de profonde tristesse :

— Hélas ! sire, ma pauvre fille est bien privée de ne pouvoir avoir l’honneur de mettre ses humbles hommages aux pieds de Votre Majesté, ce soir, surtout ; mais, malade, sire, malade…