Page:Dumas - Joseph Balsamo, Lévy frères, 1872, volume 2.djvu/142

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

et parée comme une châsse, et qu’on venait de tirer de son cabinet juste au moment de s’en servir.

— Allons, allons, dit Jean, qu’on prenne madame à quatre et qu’on la porte doucement au bas des degrés. Si elle pousse un seul soupir, je vous fais étriller.

Pendant que Jean surveillait cette délicate et importante manœuvre dans laquelle Chon le secondait en qualité de lieutenant, madame du Barry cherchait des yeux Léonard.

Léonard avait disparu.

— Mais par où donc est-il passé ? murmura madame du Barry, encore mal revenue de tous les étonnements successifs qu’elle venait d’éprouver.

— Par où il est passé ? Mais par le parquet ou par le plafond ; c’est par là que passent les génies. Maintenant, comtesse, prenez bien garde que votre coiffure ne devienne un pâté de grives, que votre robe ne se change en toile d’araignée, et que nous n’arrivions à Versailles dans un potiron traîne par deux rats !

Ce fut sur l’énonciation de cette dernière crainte que le vicomte Jean monta à son tour dans le carrosse où avaient déjà pris place madame la comtesse de Béarn et sa bienheureuse filleule.


XXXVIII

LA PRÉSENTATION.


Versailles, comme tout ce qui est grand, est et sera toujours beau.

Que la mousse ronge ses pierres abattues, que ses dieux de plomb, de bronze ou de marbre, gisent disloqués dans ses bassins sans eau, que ses grandes allées d’arbres taillés s’en aillent échevelées vers le ciel, il y aura toujours, fût-ce dans les ruines, un spectacle pompeux et saisissant pour le rêveur