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Rapidité, goût, précision, merveilleuse entente des rapports du moral avec le physique, il déploya tout dans l’accomplissement de cette importante fonction.

Au bout de trois quarts d’heure, madame du Barry sortit de ses mains plus séduisante que la déesse Aphrodite, car elle était beaucoup moins nue, et n’était pas moins belle.

Lorsqu’il eut donné le dernier tour à cet édifice splendide, lorsqu’il en eut éprouvé la solidité, lorsqu’il eut demandé de l’eau pour ses mains et humblement remercié Chon qui, dans sa joie, le servait comme un monarque, il voulut se retirer.

— Ah ! Monsieur, dit du Barry, vous saurez que je suis aussi entêté dans mes amours que dans mes haines. J’espère donc maintenant que vous voudrez bien me dire qui vous êtes.

— Vous le savez déjà, monsieur ; je suis un jeune homme qui débute et je m’appelle Léonard.

— Qui débute ! Sang bleu ! vous êtes passé maître, monsieur.

— Vous serez mon coiffeur, monsieur Léonard, dit la comtesse en se mirant dans une petite glace à main, et je vous paierai chaque coiffure de cérémonie cinquante louis. Chon, compte cent louis à monsieur pour la première, il y en aura cinquante de denier à Dieu.

— Je vous le disais bien, madame, que vous feriez ma réputation.

— Mais vous ne coifferez que moi.

— Alors gardez vos cent louis, madame, dit Léonard, je veux ma liberté ; c’est à elle que je dois d’avoir eu l’honneur de vous coiffer aujourd’hui. La liberté est le premier des biens de l’homme.

— Un coiffeur philosophe ! s’écria du Barry en levant les deux mains au ciel, où allons-nous, Seigneur mon Dieu ! où allons-nous ? Eh bien ! mon cher monsieur Léonard, je ne veux pas me brouiller avec vous, prenez vos cent louis, et gardez votre secret et votre liberté. En voiture, comtesse, en voiture.

Ces mots s’adressaient à madame de Béarn qui entrait raide