Mais de cocher, mais de laquais, pas de traces ; un simple commissionnaire maintenait les chevaux par le mors.
Le commissionnaire avait reçu six livres de celui qui les avait amenés et qui s’était enfui du côté de la cour des Fontaines.
On interrogea les panneaux ; mais une main rapide avait remplacé les armoiries par une rose.
Toute cette contre-partie de la mésaventure n’avait pas duré une heure.
Jean fit entrer le carrosse dans la cour, ferma la porte sur lui et prit la clé de la porte. Puis il remonta dans le cabinet de toilette où le coiffeur s’apprêtait à donner à la comtesse les premières preuves de sa science.
— Monsieur ! s’écria-t-il en saisissant le bras de Léonard, si vous ne nous nommez pas notre génie protecteur, si vous ne le signalez pas à notre reconnaissance éternelle, je jure…
— Prenez garde, monsieur le vicomte, interrompit flegmatiquement le jeune homme, vous me faites l’honneur de me serrer le bras si fort, que j’aurai la main tout engourdie quand il s’agira de coiffer madame la comtesse ; or, nous sommes pressés, voici huit heures et demie qui sonnent.
— Lâchez ! Jean, lâchez ! cria la comtesse.
Jean retomba dans un fauteuil.
— Miracle ! dit Chon, miracle ! la robe est d’une mesure parfaite… un pouce de trop long par devant, voilà tout ; mais dans dix minutes le défaut sera corrigé.
— Et le carrosse, comment est-il ?… présentable ? demanda la comtesse.
— Du plus grand goût… je suis monté dedans, répondit Jean : il est garni de satin blanc, et parfumé d’essence de rose.
— Alors tout va bien ! cria madame Dubarry en frappant ses petites mains l’une contre l’autre. Allez, monsieur Léonard, si vous réussissez, votre fortune est faite.
Léonard ne se le fit pas dire à deux fois ; il s’empara de la tête de madame Dubarry, et, au premier coup de peigne, il révéla un talent supérieur.