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— Pas encore. Mais si madame accepte mes services, je le serai demain.

— Hum ! hum ! fit Jean, c’est qu’il y a coiffer et coiffer.

— Si madame se défie trop de moi, dit-il, je me retirerai.

— C’est que nous n’avons pas le temps d’essayer, dit Chon.

— Et pourquoi essayer ? s’écria le jeune homme dans un moment d’enthousiasme et après avoir fait le tour de madame du Barry. Je sais bien qu’il faut que madame attire tous les yeux par sa coiffure. Aussi, depuis que je contemple madame, ai-je inventé un tour qui fera, j’en suis certain, le plus merveilleux effet.

Et le jeune homme fit de la main un geste plein de confiance en lui-même, qui commença à ébranler la comtesse et à faire rentrer l’espoir dans le cœur de Chon et de Jean.

— Ah ! vraiment ! dit la comtesse émerveillée de l’aisance du jeune homme, qui prenait des poses de hanches comme aurait pu le faire le grand Lubin lui-même.

— Mais, avant tout, il faudrait que je visse la robe de madame pour harmoniser les ornements.

— Oh ! ma robe ! s’écria madame du Barry, rappelée à la terrible réalité, ma pauvre robe !

Jean se frappa le front.

— Ah ! c’est vrai ! dit-il. Monsieur, imaginez-vous un guet-apens odieux !… on l’a volée ! robe, couturière, tout ! Chon ! ma bonne Chon !

Et du Barry, las de s’arracher les cheveux, se mit à sangloter.

— Si tu retournais chez elle, Chon ? dit la comtesse.

— À quoi bon, dit Chon, puisqu’elle était partie pour venir ici.

— Hélas ! murmura la comtesse en se renversant sur son fauteuil, hélas ! À quoi me sert un coiffeur, si je n’ai pas de robe.

En ce moment, la cloche de la porte retentit. Le suisse, de peur qu’on ne s’introduisît encore, comme on venait de le faire, avait fermé tous les battants, et derrière tous les battants, poussé tous les verrous.