Il se fit un grand silence. Chacun était dans une telle attente, que personne n’osait demander qui était là.
— Pardon, dit une voix inconnue ; mais je désirerais parler à madame la comtesse du Barry.
— Mais, monsieur, on n’entre point comme cela, cria le suisse, qui avait couru après l’étranger pour l’empêcher de pénétrer plus avant.
— Un instant, un instant, dit du Barry, il ne peut pas nous arriver pis que ce qui nous arrive. Que lui voulez-vous, à la comtesse ?
Et Jean ouvrit la porte d’une main qui eût enfoncé les portes de Gaza.
L’étranger esquiva le choc par un bond en arrière, et, retombant à la troisième position :
— Monsieur, dit-il, je voulais offrir mes services à madame la comtesse du Barry, qui est, je crois, de cérémonie.
— Et quels services, monsieur ?
— Ceux de ma profession.
— Quelle est votre profession ?
— Je suis coiffeur.
Et l’étranger fit une seconde révérence.
— Ah ! s’écria Jean, en sautant ou cou du jeune homme. Ah ! vous êtes coiffeur. Entrez, mon ami, entrez !
— Venez, mon cher monsieur, venez, dit Chon, saisissant à bras le corps le jeune homme éperdu.
— Un coiffeur ! s’écria madame du Barry en levant les mains au ciel. Un coiffeur ! Mais c’est un ange. Êtes-vous envoyé par Lubin, monsieur ?
— Je ne suis envoyé par personne. J’ai lu dans une gazette que madame la comtesse était présentée ce soir, et je me suis dit : « Tiens, si par hasard madame la comtesse n’avait pas de coiffeur ! ce n’est pas probable, mais c’est possible », et je suis venu.
— Comment vous nommez-vous ? dit la comtesse un peu refroidie.
— Léonard, madame.
— Léonard ! vous n’êtes pas connu.