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— Eh bien ? demanda la comtesse.

— Eh bien ! tout sera prêt.

— Le coiffeur ? J’ai trouvé Dorée chez lui. Nous sommes convenus de nos faits. Je lui ai glissé dans la main un bon de cinquante louis. 11 dînera ici à six heures précises, nous pouvons donc être tranquilles de ce côté-là.

— La robe ?

— La robe sera merveilleuse. J’ai trouvé Chon qui la surveillait ; vingt-six ouvrières y cousent les perles, les rubans et les garnitures. On aura ainsi fait lé par lé ce travail prodigieux, qui eût coûté huit jours à d’autres qu’à nous.

— Comment, lé par lé ? fit la comtesse.

— Oui, petite sœur, il y a treize lés d’étoffe. Deux ouvrières pour chaque lé : l’une prend à gauche, l’autre prend à droite chaque lé qu’elles ornent d’applications et de pierreries ; de sorte qu’on n’assemblera qu’au dernier moment. C’est l’affaire de deux heures encore. À six heures du soir nous aurons la robe.

— Vous en êtes sûr, Jean ?

— J’ai fait hier le calcul des points avec mon ingénieur. Il y a dix mille points par lé ; cinq mille par chaque ouvrière. Dans cette épaisse étoffe, une femme ne peut pas coudre plus d’un point en cinq secondes ; c’est douze par minute, sept cent vingt par heure, sept mille deux cents en dix heures. Je laisse les deux mille deux cents pour les repos indispensables et les fausses piqûres, et nous avons encore quatre heures de bon.

— Et le carrosse ?

— Oh ! quant au carrosse, vous savez que j’en ai répondu ; le vernis sèche dans un grand magasin chauffé exprès à cinquante degrés. C’est un charmant vis-à-vis, près duquel, je vous en réponds, les carrosses envoyés au-devant de la dauphine sont bien peu de chose. Outre les armoiries qui forment le fond des quatre panneaux, avec le cri de guerre des du Barry : Boutés en avant ! sur les deux panneaux de côté, j’ai