— Et pourquoi n’imiterions-nous pas toutes la duchesse ? dit la maréchale de Mirepoix.
— Oh ! Mesdames, dit alors la duchesse en s’adressant de nouveau aux filles du roi ; oh ! le bel exemple à donner à la cour, vous, filles de France !
— Le roi nous en voudrait-il ? dit madame Sophie.
— Non, non ! que Vos Altesses en soient certaines ! s’écria la haineuse duchesse. Non ; lui qui a un sens exquis, un tact parfait, il vous en serait reconnaissant, au contraire. Le roi, croyez-moi, ne violente personne.
— Au contraire, dit le duc de Richelieu faisant, pour la deuxième ou troisième fois, allusion à une invasion que madame de Grammont avait faite, dit-on, un soir, dans la chambre du roi ; c’est lui qu’on violente, c’est lui qu’on prend de force.
Il y eut en ce moment, à ces paroles, dans les rangs des dames, un mouvement pareil à celui qui s’opère dans une compagnie de grenadiers quand une bombe éclate.
Enfin, on se remit.
— Le roi n’a rien dit, c’est vrai, lorsque nous avons fermé notre porte à la comtesse, dit madame Victoire enhardie et échauffée par le bouillonnement de l’assemblée ; mais il se pourrait que, dans une occasion si solennelle…
— Oui, oui, sans doute, insista madame de Grammont, bien certainement cela pourrait être ainsi, si vous seules, mesdames, lui faisiez défaut ; mais quand on verra que nous manquons toutes.
— Toutes ! s’écrièrent les femmes.
— Oui, toutes, répéta le vieux maréchal.
— Ainsi, vous êtes du complot ? demanda madame Adélaïde.
— Certainement que j’en suis, et c’est pour cela que je demanderai la parole.
— Parlez, duc, parlez, dit madame de Grammont.
— Procédons méthodiquement, dit le duc ; ce n’est pas le tout que de crier : « toutes, toutes ! » Telle crie à tue-tête : « je ferai ceci ! » qui, le moment venu, fera justement le contraire ; or, comme je suis du complot, ainsi que je viens d’avoir